“Abraham, Alzheimer et Monosourcil…”
Mars 16 – « Abraham, Alzheimer et Monosourcil » – Noëllie Moreau, animatrice ENQUÊTE
Abraham. Le thème de mon cinquième atelier ENQUÊTE à l’école élémentaire Carle Vernet de Bordeaux. Le fondateur, selon les textes sacrés, des trois monothéismes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Avant de raconter l’histoire d’Abraham telle qu’elle est présentée dans la Bible chrétienne, je souhaite préciser certains points de vocabulaire avec les 12 enfants qui participent à l’atelier. Pour cela, je distribue un petit papier et un stylo à chacun. « Pouvez-vous m’écrire des mots que vous connaissez commençant par mono, poly et a ? Mais, attention un a privatif. Ca veut dire un a qui enlève quelque chose, comme dans aphone par exemple, qui veut dire qui n’a plus ou pas de voix ». J’avais en effet eu arbre comme réponse dans un autre atelier…
Un peu de grammaire et d’étymologie
Très vite, tout le monde trouve « monosourcil » (il s’était passé la même chose dans l’autre école, le monosourcil semble être quelque chose d’important pour les CM1-CM2 !), Monoprix, Monopoly… Monopoly, qui ne manque pas de nous questionner. « Est-ce que ça marche aussi pour poly ? On peut le mettre ? », « Non, je ne veux que des mots qui commencent par poly ». Ils poursuivent avec monothéiste puis polygone, polygamie, polytesse. « Ah presque mais politesse, c’est avec un i donc ça ne marche pas ». Pour les mots en « a » qui sont normalement plus difficiles, Alexandre trouve vite « Aveugle, parce qu’il ne voit pas ! Et puis, analphabète, parce que il sait pas lire et écrire. Et puis aussi Alzheimer, quelqu’un qui n’a plus de mémoire ». On ne l’arrête plus… « Quelle efficacité ! Pour aveugle et analphabète, c’est bon, même si c’est le préfixe an pour le deuxième, mais Alzheimer, aïe, je ne sais pas trop ! Je vais vérifier et nous en parlerons au prochain atelier ». Il s’avérera après recherches que Alzheimer est le nom du psychiatre allemand qui a décrit la maladie pour la première fois. Merci Alexandre pour ma culture générale !
Ils devinent par eux-mêmes que mono veut dire un seul, « comme monothéisme c’est un seul dieu ! » s’exclame Adrien. « Oui très bien. Bravo ! ». J’en profite pour leur préciser que théisme vient de theos : dieu en grec. « Alors polythéisme, c’est plusieurs dieux. » « Et athéisme, pas de dieu ! ». Ils sont forts… Nous passons maintenant au mot « agnostique ». Je leur donne un indice « gnose égale connaissance en grec. Alors ? ». Rahubé fronce les sourcils et s’exclame « ca veut dire pas de connaissance ! ». « Oui mais pas de connaissance sur quoi ? » « ben, sur les dieux !! » « Oui donc, à quoi d’autre ça vous fait penser ? » « on ne sait pas si dieu existe ou pas ». Elise déclare alors qu’elle est agnostique. Je suis fascinée par leur capacité à appréhender des notions, qui a priori, semblent si complexes…
Abraham, assis sur les tables
Nous passons ensuite à l’histoire d’Abraham. Je commence avec un jeu de triple pendu pour leur faire deviner Avraham/Abraham/Ibrahim, les noms du personnage selon les traditions. « Je vous propose maintenant de vous asseoir comme vous voulez sur les tables. Mais attention, seulement si vous écoutez bien… » Je n’oublie pas que je prends sur leur temps de récré et essaie donc que l’atelier soit un peu informel. Pendant l’histoire, ils posent tous des questions pour avoir des précisions. « Pourquoi le père d’Abraham, il s’appelle Térah ? » « Ben c’est logique puisqu’il fabrique des idoles en terre ! » assène Lilia.
Eva leur demande de se taire car elle veut la suite de l’histoire. Bénédicte ne tient plus en place, elle reconnaît l’histoire au fur et à mesure. Je lui demande donc des précisions de temps en temps. « Quel est le nom de la femme d’Abraham ? » « Sarah ! ». Elle est contente de participer et de montrer qu’elle connaît. Toutes les filles trouvent très normal que Sarah n’ait plus voulu voir Agar, la servante avec laquelle Abraham a eu un fils, après avoir elle-même eu son propre enfant. « Moi, j’aurais certainement pas voulu que mon mari, il ait une deuxième femme ! ». « Ok revenons-en à l’histoire. ».
Je leur propose ensuite deux œuvres d’art en puzzle à rassembler. « Vous les remettez en place, mais je voudrais aussi que vous me décriviez la scène. ». Lilia, Adrien et Titouan n’ont pas très envie de participer, je fais donc, en parallèle, un jeu de uno laïcité-religions avec eux. C’est Adrien qui gagne.
C’est l’heure d’aller déjeuner. « On fait quoi la semaine prochaine ? » « On va parler de Abraham encore ? » « On pourra refaire un Uno, dis ? ». Bénédicte est tout particulièrement intéressée. Je lui propose de préparer quelque chose, ce qu’elle veut, sur l’histoire de Moïse, nous verrons ce qu’elle amène. « Allez, mettez-vous en rang derrière moi, je vous accompagne dans la cour. Bon appétit et… à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures ! »