Des symboles à déchiffrer
Octobre 2018, « Des symboles à déchiffrer », Elena Karachontziti, animatrice ENQUÊTE
Ce mardi, les enfants ont hâte de voir Elena, leur animatrice. En effet, ils construisent un jeu avec elle tout au long de l’atelier et ils ont commencé les pions lors de la dernière séance. Des pions sous forme de symboles religieux. Mais Elena a-t-elle bien pris soin de leurs chefs d’œuvre qu’elle avait emportés pour les cuire ? « Oui, ne vous inquiétez pas, j’y ai fait très attention » Mais ils se rendent compte rapidement que la « mission » n’est pas encore finie : une séance « pions » supplémentaire aura lieu plus tard. Elena leur explique que ce serait intéressant d’inventer un pion complémentaire, représentant l’athéisme ; certains acquiescent, mais Kenan n’est pas de cet avis : « Mais non Elena, il y a déjà d’autres symboles très jolis. Moi, j’ai envie de faire la porte » – symbole du shintoïsme. Et Chekené d’ajouter : « Et moi, la roue » – du dharma, un des symboles du bouddhisme.
Symboles et dessin animé
Il faudra se mettre d’accord, mais plus tard ; pour l’instant, Elena lance la séance du jour : « nous allons regarder un dessin animé… ». Elle est coupée par l’enthousiasme des enfants : « SUPER !! » – « mais avant, réfléchissons au titre ». L’épisode s’appelle « Des symboles à déchiffrer ». Elena revient sur les questions abordées lors de la séance précédente : – « Est-ce que tout le monde a compris quel est le rôle d’un symbole ? » – « c’est une image et pour un groupe de personnes, elle veut dire quelque chose » – « oui, et est-ce que tu pourrais donner un exemple ? ». Et Yazid d’expliquer que l’étoile de David, avec ses deux triangles, qui pointent l’un vers le haut, l’autre vers le bas, est un symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes dans la religion juive.
La séance se poursuit avec la projection du dessin animé Vinz et Lou. On entend des voix joyeuses ; les enfants reconnaissent les symboles découverts la semaine précédente : « Elena, Elena, voilà l’étoile de David ! », « Aah, et là, c’est le symbole de Jeux Olympiques ».
Pour les amener à se pencher sur certains détails de l’épisode, Elena pose une question : « Voyez-vous quel symbole chapeaute les autres sur le tableau que Vinz et Lou regardent au musée ? ». Ils crient tous en même temps « Le drapeau français ». Elle poursuit : « Quel message l’artiste veut-il faire passer selon vous ? » La première fois depuis un mois que le groupe reste silencieux. Un silence intéressé, concentré…
Elle explique alors : « En France on a le droit de choisir sa propre religion ou de ne pas en avoir. » Et chacun d’en témoigner. Yazid raconte qu’il est musulman et que chez lui on fête l’Aïd. Toute la famille se réunit, on s’habille bien et on mange beaucoup de pâtisseries. Eliot hésite : « Elena, je ne sais pas si j’ai une religion…» Elena a à peine le temps de lui dire qu’il n’est certainement pas le seul enfant à dire cela, que Roxane répond avec fierté : « Moi, je suis protestante comme le roi Henri IV ! ». Et Arel explique, lui, d’une grosse voix : « Elena, moi je suis turc ». « Turc, mais c’est une religion ? », et les autres enfants de rebondir sur la toute première séance de l’atelier : « Ben non Arel ! Tu sais bien, c’est une nationalité, ou une origine, pas une religion ! »
Tenter de rendre tangible la notion de Trinité chrétienne…
Elena poursuit avec la thématique du jour : « monothéisme/polythéisme/athéisme ». Elle propose plusieurs définitions pour chaque terme et leur demande de trouver la bonne réponse. Ça leur fait plaisir de partager ce qu’ils ont appris de la mythologie grecque, en l’associant au polythéisme. En revanche, Eric se demande : « Le christianisme, c’est monothéiste ? Mais y a pas deux dieux ? Dieu et Jésus-Christ ? » Une question qui conduit Elena à tenter d’expliquer avec différentes métaphores pourquoi les chrétiens se considèrent comme monothéistes : « Prenons l’image d’un gâteau. Il y a un seul gâteau, mais à l’intérieur, il y a plusieurs ingrédients qui font le gâteau ». Certains rient, d’autres hochent la tête en réfléchissant. « On peut aussi penser à une personne qui grandit : elle est un enfant, puis un adulte. Donc, au cours de sa vie, elle est différente du fait de son âge. Mais il s’agit bien de la même personne ! Pour les chrétiens, Dieu et Jésus, c’est la même personne, les deux ingrédients du même gâteau… » Les enfants semblent comprendre que c’est tout de même bien différent du polythéisme des Grecs.
Elena prend un air très sérieux : « La mission d’enquêteur n’est pas toujours facile ; mais je vous promets que j’apporterai ma loupe la prochaine fois pour déchiffrer cette croyance de plus près ».