« Jésus, Issa, et Marie Curie »

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Avril 15     “Jésus, Issa, et Marie Curie” – Marine Quenin, déléguée générale ENQUÊTE

Séance sur la figure de Jésus et les fêtes chrétiennes, ce soir, dans ce centre social parisien. Seuls Kalilou, Sarah, Premigha et Aïcha sont arrivés. Coline, l’animatrice, commence par leur demander s’ils vont bien et ont passé une bonne semaine. Puis ils entrent dans le vif du sujet : un triple jeu du pendu, sur trois noms, pour deviner le personnage qui va être étudié. Les enfants tâtonnent, proposent des lettres à tour de rôle. Ils finissent par trouver : Jésus, Jésus-Christ et Issa.

« A votre avis, pourquoi je vous ai donné ces 3 noms ? ». « Issa, c’est Jésus pour les musulmans » « Très bien ! et les deux autres ?» « ben du coup, ca doit être pour les chrétiens » tente Kalilou concentré. Coline acquiesce et explique brièvement les différents statuts du Nazaréen, selon que l’on est athée (il s’agit alors d’un personnage historique), chrétien (on le voit dans ce cas comme le fils de Dieu et Dieu lui-même), ou encore musulman (Jésus est alors considéré comme un prophète). « Et qu’est-ce que vous savez sur Jésus ? » enchaine-t-elle. « Il a été cloué à Rome ! » s’exclame Kalilou. Coline sourit, « Presque ; on va reprendre. A votre avis, il est né où ? ». Ils ne savent pas trop… Elle raconte alors son histoire, en indiquant que la plupart des informations viennent des Evangiles, les textes saints de chrétiens, et qu’il s’agit donc d’une histoire religieuse, pas nécessairement partagée par tous. Elle évoque la naissance à Bethléem…

La Vierge et le curry

« Il y a Abdoulaye qui arrive ! hé, tu sais pas courir ! ». Abdoulaye s’installe, Coline reprend. « Sa mère s’appelait Marie » « Oui, Marie Curie » « celle qui a inventé le curry ! ». Coline a du mal à garder son sérieux « vous pensez vraiment ? Non, Marie Curie est une scientifique. La mère de Jésus, les chrétiens lui donnent souvent un autre nom, vous savez ? » « la Vierge Marie !». Coline acquiesce et poursuit pour expliquer que, pour les chrétiens, elle a accepté de porter Jésus, le fils de Dieu. Elle poursuit en expliquant qu’on fête sa naissance en décembre, à Noël. « Mais non, il est né en août ! » explique Kalilou, décidément en forme. « Les chrétiens se souviennent de sa naissance en décembre, sans pour autant qu’on sache vraiment quand il est né » répond-elle. Elle poursuit avec la visite des mages, et fait le lien avec l’Epiphanie, puis son baptême par Jean-Baptiste. Elle raconte ensuite les voyages de Jésus, qui est peu à peu entouré de 12 compagnons, « on les appelle les apôtres », comment les Evangiles décrivent le soutien qu’il apporte à un grand nombre de personnes et les miracles qu’il aurait réalisés selon la tradition chrétienne.

Coline parle ensuite de la notoriété qu’il aurait acquise, trop selon certains, les Romains comme les grands prêtres juifs. Elle conclut en évoquant son arrestation, sa condamnation et le dernier repas qu’il aurait pris avec ses apôtres avant d’être crucifié. « Oui, et même que, en même temps, on le tape avec un bâton » explique Premigha. Coline sourit, puis finit avec le tombeau trouvé vide par 3 femmes, signe de la “résurrection” de Jésus selon la foi des chrétiens, qui la célèbre pendant la fête de Pâques.. « Ah oui, le lundi de Pâques ! » « Non, la veille. Le lundi est férié mais c’est le lendemain. Et la fête de l’Ascension renvoie pour les chrétiens à la montée au ciel de Jésus. Et pour les musulmans alors, c’est qui Jésus ? le fils de Dieu ? » Pas besoin de leur poser la question plusieurs fois « non, un Prophète ! Mais pour Marie, pourquoi on l’appelle la Vierge Marie ? » Coline n’a pas le temps de répondre, Abdoulaye s’écrie « ben parce que Jésus, c’était pas le fils de son mari ! ».

Fêtes chrétiennes et jeu du taboo

Pour les mettre en action et s’assurer que les notions sont bien passées, elle répartit les enfants, en deux équipes et leur demande de préparer un défi : celui du mot inconnu. Sur le modèle du jeu « Taboo », ils doivent faire deviner un mot à l’autre équipe avec le moins d’indice possible et sans utiliser certains mots qui sont interdits. Pour Noël, pas le droit de dire 25 décembre, vacances, cadeaux, sapin ou Père Noël. Les groupes chuchotent « attends, j’ai pas lu », « ça commence quand ? ». Coline passe d’un groupe à l’autre pour s’assurer qu’ils sont prêts.

Abdoulaye se lance le premier « c’est l’anniversaire de Jésus » ; ils parlent tous en même temps « Eh t’as pas le droit d’utiliser deux mots dans ton indice » « Moi, je sais, c’est Noël ! il est né à Noël ! ». « Super », c’est au tour de l’équipe suivante : Aïcha, Sarah et Premigha donnent des indices à tour de rôle « Jésus », « Trahison », « Mort », « Crucification » – Coline n’a pas le temps de reprendre, elles veulent jouer-, « Cloué », « la Croix », « Résuréquétion » Abdoulaye se dresse – avant que Coline ait pu intervenir- « Pâques ! ».

Coline les félicite. « Super ! vous êtes très bons ! Avant d’enchainer sur un autre jeu, une chose : on dit crucifixion et résurrection. Et petite question : pourquoi est-on en 2014 ? » « mais on est en 2015 ! » « ah oui, excusez-moi, pourquoi 2015 ? » « ben pour les musulmans on est en 1436 » « Ok, mais pour les chrétiens et le calendrier usuel, c’est 2015… Vous ne savez pas ? parce qu’on fait commencer ce calendrier avec la naissance de Jésus, considéré comme un moment important ».

On n’a pas parlé du 14 juillet

Les voici maintenant partis pour un jeu de Mémory. Coline présente les cartes : Noël et sa signification, pareil pour Pâques et l’Epiphanie « t’as même pas parlé de ca ! » « si, Abdoulaye, tu ne devais pas complètement écouter », la Toussaint où les chrétiens célèbrent tous les saints, la Pentecôte. Elle pose les cartes face contre la table, l’objectif étant de les remettre par deux. « On fait la plouf pour savoir qui commence ? ». Les voilà partis, pris par le jeu pour remettre ensemble les cartes. Ils exultent, se dressent, lèvent les bras au ciel, s’apostrophent… Et redemandent une deuxième partie.

Pour conclure, Coline leur distribue un calendrier et leur demande de retrouver les fêtes évoquées. « Mais on n’a pas parlé du 14 juillet ? » ; Coline regarde Abdoulaye « c’est une fête chrétienne selon toi ? c’est quoi une fête nationale ? » « la fête de la nation » « super ». Un feutre à la main, les deux groupes, louchant un peu sur leurs voisins, finissent par retrouver, parfois un peu aidés, les différentes fêtes.

Coline conclue « Bon, on arrête là ? À la semaine prochaine ? On parlera d’une autre figure, un autre prophète » « Mohammed ? » « Tu verras ».