Jour de neige avec Moïse
Février 2018, « Jour de neige avec Moïse », Marion Renault, animatrice ENQUÊTE
Moïse et le grec
C’est sous la neige que j’arrive à l’Ecole Beauregard, située dans le 2eme arrondissement de Paris. Je rejoins Blaise pour assister à son atelier pour la première fois et je me dis que j’ai bien mal choisi mon jour : il neige à gros flocons, les enfants risquent d’être plus absorbés par ce qu’il se passe dehors que par l’atelier. Que nenni ! Alors que nous montons les escaliers vers la salle, tous ont l’air, d’une part ravis de voir Blaise, de l’autre contents de se mettre au chaud pour assister à l’atelier.
Blaise débute la séance en demandant aux enfants de raconter ce qu’ils ont fait la semaine dernière : « On a dessiné l’histoire de Moïse. » répond Maela. « Bien, et qui se souvient de l’histoire de ce personnage ? », répond Blaise. « Bah c’est simple, il est tombé d’une pyramide et il est mort ! » répond Jean. Assez expéditif comme résumé…
« Ce n’est pas tout à fait ce que racontent les textes juifs et chrétiens ». Blaise essaye avec eux de reconstituer le déroulé de l’histoire. Les bribes sont amusantes « Il a été banni parce qu’il a fouetté un grec », « Non un juif !» ou encore « Le pharaon l’a mis dans une boîte sur l’eau et c’est sa mère qui l’a retrouvé ». Devant ces confusions, Blaise charge Assa de se repencher sur l’histoire de cette figure religieuse et de la raconter à ses camarades la semaine prochaine.
Croire et savoir
Blaise lance alors l’animation du jour qui porte sur la différence entre croire et savoir : « En deux équipes, vous allez me donner votre meilleure définition de ce que cela signifie de « croire » et de « savoir ». ». Une petite main maline se lève « On peut utiliser un dico ? ». Bien essayé Jean !
Les premières définitions sont un peu hésitantes « Croire, c’est penser et savoir, c’est ce que tu sais ». Oui… Mais encore ? Pas facile de sortir une définition de but en blanc, les différentes étapes du jeu vont nous aider à préciser ces pensées. Blaise leur présente alors une série d’affirmations auxquelles ils doivent répondre s’il l’on peut « croire » ou « savoir ».
Première affirmation : « Est-ce que l’on sait ou l’on croit qu’il y a des chaises dans notre salle de classe ? ». Myriam répond « C’est savoir ! Car tu le sais puisque tu le vois et en plus tu es assis dessus ». En effet, c’est une très bonne réponse.
Passons ensuite à la deuxième affirmation, un petit piège : « On sait ou l’on croit qu’il y a des chaises dans la salle d’à côté ». La première idée des enfants est souvent de dire « On sait » en référence au fait que toutes les classes de leur école possèdent des chaises, qu’ils les ont déjà vues plusieurs fois etc… Néanmoins, à l’instant présent, ils ne peuvent pas dirent qu’ils savent car ils ne les voient pas. Dans le groupe, Ibrahim ne se laisse pas avoir « C’est « on croit » car on les voit pas, donc on ne peut pas dire qu’on le sait ».
Les questions-réponses s’enchainent dans la bonne humeur sur l’eau qui gèle ou l’existence de Louis XVI et nous arrivons rapidement à la dernière affirmation « On sait ou l’on croit que Dieu a créé le monde ? ».
Alia lève la main « Dans le monde, tout le monde ne croit pas les mêmes choses, c’est pour ça que l’on croit et donc que l’on ne sait pas ! » Blaise interroge « Très bien, alors du coup, on sait/ ne sait pas ou on croit/ne croit pas que dieu a créé le monde ? ».
Marvin répond « C’est « on croit » ou « on ne croit pas » car personne n’était là pour le voir, donc on n’a pas de preuves. ».
Les affirmations ont été très bien comprises et les réponses nous ont permis d’avancer sur nos deux définitions. Maintenant que les enfants différencient le croire et le savoir, il s’agit de proposer eux-mêmes des affirmations afin de piéger l’équipe adverse. Les questions s’enchaînent et donnent lieu à des discussions parfois métaphysique : « Est-ce que l’on sait ou l’on croit que les esprits existent ? » ou encore « On sait ou l’on croit qu’il y a des aliens ? ». Cependant, la question « On sait ou l’on croit que Moïse a existé ? » aura permis à Thibault de recevoir la palme de la meilleure réponse : « Euh… C’est qui déjà Moïse ? ».