“La messe, c’est un endroit ?”

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Janvier 2014      “La messe, c’est un endroit ?” – Marine Quenin, déléguée générale ENQUÊTE

A l’ordre du jour : comprendre comment les religions structurent le temps, et même souvent le temps collectif. Pour commencer, la semaine. Avec cette classe de CE2, on passe par le jeu ; aujourd’hui ce sera le jeu de la fausse définition. A partir d’un mot et d’un petit texte de présentation, trois binômes d’enfants ont construit une vraie et deux fausses définitions.

Messe, monothéisme et construction de la semaine

Première étape : Séréna et Waly montent sur l’estrade pour le premier défi. Ils présentent la carte de jeu à la classe : il s’agit de « Messe ». A mots couverts, ils ont choisi de donner la bonne définition en dernier. Séréna commence «  la messe, c’est une salle de prière dans une église » ; Waly poursuit « la messe, c’est une prière que les chrétiens font avant d’aller se coucher » ; la dernière option « la messe, c’est une cérémonie pour prier avec le prêtre ». Marine, l’animatrice, reprend les définitions, à haute voix, pour que Nelson, au fond de la classe, le nez dans son pupitre, entende bien. « Alors, selon vous, laquelle est la bonne ? 1, 2 ou 3 ? ». Les enfants réfléchissent, puis brandissent leur ardoise, à l’appel de leur équipe. La majorité d’entre eux estiment que la bonne réponse est la première. Marine lève les sourcils, « vous en êtes surs ? c’est un endroit, la messe ? ». Omaël, visiblement frustré que son équipe ne l’ait pas écouté, « mais non, c’est quand le prêtre dit des prières », « seulement ? Je complèterais en disant que la messe est une cérémonie religieuse pour les catholiques. Quand est-ce qu’ils se réunissent pour prier ensemble, généralement ? ». Grace, de sa petite voix ,« Mardi ! », Nelson, qui finalement semble trouver plus d’intérêt au jeu qu’a son pupitre « mais non, samedi ! », Omaël se fait mal au bras, à force de le tendre « Dimanche ! Dimanche ! ».

Marine reprend pour expliquer que des messes sont célébrées tous les jours, mais que celle où se retrouvent généralement les croyants est celle du dimanche, « jour du Seigneur » car censé être celui de la résurrection de Jésus. « Où a-t-elle lieu d’ailleurs ? » ; réponse en cœur « dans une église ». Elle ajoute que, dans chacune des religions monothéistes, – petit détour « ca veut dire quoi monothéiste ? », histoire de s’assurer que la notion abordée dans une séance précédente est bien retenue ; ce qui est visiblement le cas, puisque cinq d’entre eux répondent en même temps « croire en un seul dieu »- un jour de la semaine est consacré à la prière, pour s’arrêter dans sa vie quotidienne, se tourner vers Dieu. Elle ajoute que lors de la messe, les catholiques se souviennent du dernier repas de Jésus ; le prêtre partage l’hostie – « ah oui, comme une chips ! », petit détour pour expliquer qu’il s’agit de pain sans levain – ; il s’agit d’un moment très spécial pour les catholiques, puisque cette dernière est devenue pour eux le corps de Jésus.

Radène ou rabbin ?

Après le décompte des points, au tour de la deuxième équipe. Même type de défi pour le mot « Shabbat ». Céline propose « jour de la prière et du repos pour les juifs », Jonathan enchaine avec « c’est un diner spécial lors de la naissance d’un enfant juif », et Céline conclue avec « nom hébreu de la personne qui dirige la prière chez les juifs ». Confusion dans la classe, aucune idée. Ils répondent majoritairement au hasard. « Bon, pour ceux qui ont dit 3, qui guide la prière chez les juifs ? ». Silence, seul bruit au fond de la classe : Nelson est reparti sous sa table. Marine donne une piste « Le ra… ? », « le radène ! » ; Grace, à nouveau avec sa petite voix, essaie « le rabbin ? ». C’est bien ca.

Marine explique alors que les juifs pratiquants s’arrêtent aussi une journée dans la semaine pour la consacrer à Dieu. Il s’agit du samedi. « Et savez-vous quand commencent les jours pour le calendrier juif ? », regards étonnés… Retour une étape en arrière « pour nous, quelle est la règle ? les jours commencent quand ? », les réponses fusent « à 10h », « le matin », « la nuit »… essayons autre chose : « quand sera-t-on mardi ? », « cette nuit, à minuit ». Bien, l’animatrice revient alors au calendrier juif, pour expliquer que les jours commencent la veille, avec les premières étoiles, et que le shabbat débute donc le vendredi soir, pour se terminer le samedi en fin de journée. C’est aussi le cas dans de nombreuses autres religions. Elle complète en indiquant que le shabbat, ce jour de pause pour les juifs pratiquants, est pour certains un jour où il ne faut pas agir sur le monde, et au cours duquel, non seulement ils ne travaillent pas et se rendent à la synagogue, mais n’utilisent pas d’électricité (et donc d’appareil électrique, comme les codes des portes cochères par exemple ; « mais si on a oublié sa clé ? » ne manque pas de sortir, complété par une remarque originale « mais si on a de l’électricité statique et qu’on se serre la main ? »), ou n’exercent pas certaines activités. Ainsi, c’est le temps où s’arrêtent les activités productives pour passer à celui de la relation, entre humains et avec Dieu.

Comptage de points et dernière définition. « la Grande Prière du vendredi ». Au tour de Rayan et Van Kévin. Ils proposent à tour de rôle « une prière musulmane pour laquelle on revêt des habits spéciaux », « prièrecollective à la mosquée le vendredi, par exemple en Algérie », et enfin « prière réalisée dans son lit le vendredi matin ». Les réponses sur les ardoises se répartissent entre 1 et 2.

Marine revient sur ce temps collectif des croyants musulmans, qui s’inscrit dans les cinq prières quotidiennes, pour laquelle ils se retrouvent, « où d’ailleurs ? », « à la mosquée ! ». Elle ajoute qu’il s’agit, une nouvelle fois, d’un temps d’arrêt dans la semaine comme dans les autres religions monothéistes, consacré par les croyants à Dieu. Elle précise que dans de nombreux pays de culture musulmane, le vendredi est chômé, comme peut l’être le dimanche en France. Montrant ainsi comment la construction du temps est influencée, entre autres, par les religions.